Du riechst so gut
Der Wahnsinn
Ist nur eine schmale Brücke
Die Ufer sind Vernunft und Trieb
Ich steig dir nach
Das Sonnenlicht den Geist verwirrt
Ein blindes Kind das vorwärts kriecht
Weil es seine Mutter riecht
Ich finde dich
Die Spur ist frisch und auf die Brücke
Tropft dein Schweiß dein warmes Blut
Ich seh dich nicht
Ich riech dich nur Ich spüre Dich
Ein Raubtier das vor Hunger schreit
Wittere ich dich meilenweit
Du riechst so gut
Du riechst so gut
Ich geh dir hinterher
Du riechst so gut
Ich finde dich
So gut
So gut
Ich steig dir nach
Du riechst so gut
Gleich hab ich dich
Jetzt hab ich dich
Ich warte bis es dunkel ist
Dann fass ich an die nasse Haut
Verrate mich nicht
Oh siehst du nicht die Brücke brennt
Hör auf zu schreien und wehre dich nicht
Weil sie sonst auseinander bricht
Du riechst so gut
Du riechst so gut
Ich geh dir hinterher
Du riechst so gut
Ich finde dich
So gut
So gut
Ich steig dir nach
Du riechst so gut
Gleich hab ich dich
Du riechst so gut
Du riechst so gut
Ich geh dir hinterher
Du riechst so gut
Ich finde dich
So gut
So gut
Ich fass dich an
Du riechst so gut
Jetzt hab ich dich
Du riechst so gut
Du riechst so gut
Ich geh dir hinterher
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Waidmanns Heil
Ich bin in Hitze schon seit Tagen
So werd ich mir ein Kahlwild jagen
Und bis zum Morgen sitz ich an
Damit ich Blattschuss geben kann
Auf dem Lande auf dem Meer
Lauert das Verderben
Die Kreatur muss sterben
Sterben
Ein Schmaltier auf die Läufe kommt
Hat sich im hohen Reet gesonnt
Macht gute Fährte tief im Tann
Der Spiegel glänzt ich backe an
Der Wedel zuckt wie Fingeraal
Die Flinte springt vom Futteral
Waidmanns Heil
Ich fege mir den Bast vom Horn
Und geb ihr ein gestrichenes Korn
Waidmanns Heil
Auf dem Lande auf dem Meer
Lauert das Verderben
Die Kreatur muss sterben
Waidmanns Heil
Sterben
Waidmanns Heil
Sie spürt die Mündungsenergie
Feiner Schweiß tropft auf das Knie
Auf dem Lande auf dem Meer
Lauert das Verderben
Die Kreatur muss sterben
Waidmanns Heil
Sterben
Waidmanns Heil
Auf dem Lande auf dem Meer
Lauert das Verderben
Waidmanns Heil
Auf dem Lande auf dem Meer
Waidmanns Heil
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Il me paraît intéressant de faire un
commentaire comparé des ces deux textes qui présentent une même
image, celle de la chasse, de la traque, pour évoquer le jeu de
séduction et l'acte sexuel.
Dans ces deux chansons le point de vue
adopté est celui du chasseur. On remarque tout de même un certaine
nuance : dans « Du riechst so gut » le narrateur est un prédateur qui poursuit
sa proie « je te sens / Comme une bête sauvage qui cire parce
qu'elle à faim / Je te renifle à des lieues à la ronde »,
alors qua dans « Waidmanns Heil » il s'agit d'un chasseur tuant du gibier « je
vais aller chasser du gibier femelle / Et je resterai à l'affût
jusqu'au matin / Pour pouvoir épauler et tirer ».
Dans chacun des textes, c'est
toujours l'instinct et la pulsion qui guide l'acte du narrateur,
« Depuis des jours déjà, je suis en chaleur » (WH),
« La folie / n'est qu'un mince passerelle / Entre deux rives
que sont la raison et l'instinct ». Une force non maîtrisée
pousse à chaque fois le personnage à partir en chasse. Cette notion
d'instinct est mise en valeur par un champs lexical des sens, « un
enfant aveugle », « il sent sa mère », « Je
ne te vois pas », « Je te flaire seulement, je te sens »,
« Je te renifle à des lieues à la ronde », « Tu
sens si bon », « ta peau moite » (DRSG), « à
l'affût », « Elle ressent l'énergie », (WH). On
remarquera une certaine différence entre les deux chansons puisque
« Waidmanns Heil », du point de vue de l'être humain qui
chasse fait surtout une description visuelle du gibier, alors que
dans « Du riechst so gut » l'animal traque grâce à son
odorat.
Cette mise en valeur des sens a une
évolution identique dans les deux textes : on passe d'une
description olfactive (DRSG) ou visuelle (WH) à celle du toucher.
Tous ces éléments tendent vers une métaphore filée : celle
de la chasse/la traque pour décrire le jeu de séduction et l'acte
sexuel. À chaque fois le rapport physique est décrit par la « peau
moite » (DRSG) et la « sueur ». Comme souvent dans
les textes de Lindemann, la violence est très présente et les deux
textes tendent à décrire un viol. Ceci est assez clair dans la
première chanson : « Arrête de crier et de te
débattre », la victime n'est pas consentante. Ceci est moins
évident dans « Waidmanns Heil » où il n'est pas
question de résistance de la par de la proie.
Ainsi malgré ses points communs entre
les deux textes, on commence à percevoir une certaine nuance. Dans
la chanson de 1994 le plaisir éprouvé par le narrateur est la
traque elle-même : les couplets insistent particulièrement sur
les sens à l'affût, l'excitation provoquée par la course, par la
peur de l'autre. Lorsqu'il s'agit d'évoquer le rapport sexuel
lui-même le narrateur parle déception. « Oh, ne vois-tu pas
le pont brûler / Arrête de crier et de te débattre / Sinon le pont
va s'effondrer » : ici l'image du pont et du feu évoque
explicitement le désir. Si le prédateur brûle de désir pendant
qu'il poursuit la créature, au moment de passer à l'acte il
s'éteint, ce sont les dernières flammes. On peut remarquer ici que
si le « pont » est l'image du désir abstrait il peut
aussi désigner le sexe de l'homme qui « s'[effondre] »
lorsque le désir disparaît.
« Waidmanns
Heil » se concentre autant sur la traque, le chasseur en
embuscade, que sur l'acte physique. « La queue drétille comme
une anguille / le fusil surgit du fourreau / [...] / J'enlève la
filasse de mes cornes / Et la vise plein pot » : Lindemann
décrit ici, avec un second degré certain, le sexe de l'homme en
érection puis la pénétration. L'utilisation de termes de chasse
très techniques ajoute effectivement un ton humoristique au texte,
ton qui n'est absolument pas présent dans « Du riechst so
gut ». On reste dans ce ton décalé au couplet suivant pour
décrire la conclusion de l'acte sexuel : « Elle ressent
l'énergie jaillie de la gueule du canon / Quelques gouttes de sueur
tombent sur le genou ». Lindemann se montre riche de métaphores pour décrire le sperme, ici les « gouttes de sueurs »,
le « miel » dans « Bück dich », le « rêve
blanc » dans « Spiel mit mir » et j'en passe.
Je
me permets d'avancer un peu plus dans l'interprétation et de faire
toujours le même constat : chez Rammstein le rapport
homme-femme n'est jamais simple. Il s'agit toujours un rapport de
force. L'homme doit se montrer plus fort, doit dominer la situation,
doit blesser aussi. Il suffit de regarder des textes comme « Wollt
Ihr das Bett in Flammen sehen », « Weißes Fleisch »,
« Klavier », « Rein raus », « Rosenrot »,
« Feuer und Wasser » ou encore « Liebe ist für
alle da » pour voir une profonde incompréhension mutuelle. Il
serait d'ailleurs intéressant de comparer ces chansons et d'écrire
un article sur les relations homme-femme chez Rammstein. Peut-être
trouverais-je un jour le courage de la faire.
Ainsi
les deux chanson renouent avec un univers commun, toutefois, à
quinze année d'intervalle, la comparaison montre une évolution dans
l'écriture de Lindemann. « Do riechst so gut » semble
plus grave, plus sérieuse : on parle d'un viol, le narrateur
prend possession totale de la parole, c'est à dire qu'on ne voit
aucune marque de l'auteur qui mettrait une certaine distance. Ceci va
être le cas dans « Waidmanns Heil ». En effet, lorsque
je soulignais le fait qu'il y avait un second degré dans la
description de l'acte sexuel, je voulais montrer que Lindemann, en
tant qu'auteur, se détache du narrateur. Il rit de l'action qui se
produit, et il rit sans doute de lui-même. Les deux textes, si
proches sont intéressants à mettre l'un en face de l'autre, ils
sont à l'image de l'évolution d'une jeunesse qui se prend au
sérieux, vers une certaine maturité donnant la capacité de rire de
soi-même.
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