jeudi 17 avril 2014

« Do riechst so gut » / « Waidmanns Heil » - Herzeleid / Liebe ist für alle da


Du riechst so gut

Der Wahnsinn
Ist nur eine schmale Brücke
Die Ufer sind Vernunft und Trieb
Ich steig dir nach
Das Sonnenlicht den Geist verwirrt
Ein blindes Kind das vorwärts kriecht
Weil es seine Mutter riecht

Ich finde dich

Die Spur ist frisch und auf die Brücke
Tropft dein Schweiß dein warmes Blut
Ich seh dich nicht
Ich riech dich nur Ich spüre Dich
Ein Raubtier das vor Hunger schreit
Wittere ich dich meilenweit

Du riechst so gut
Du riechst so gut
Ich geh dir hinterher
Du riechst so gut
Ich finde dich
So gut
So gut
Ich steig dir nach
Du riechst so gut
Gleich hab ich dich

Jetzt hab ich dich

Ich warte bis es dunkel ist
Dann fass ich an die nasse Haut
Verrate mich nicht
Oh siehst du nicht die Brücke brennt
Hör auf zu schreien und wehre dich nicht
Weil sie sonst auseinander bricht

Du riechst so gut
Du riechst so gut
Ich geh dir hinterher
Du riechst so gut
Ich finde dich
So gut
So gut
Ich steig dir nach
Du riechst so gut
Gleich hab ich dich

Du riechst so gut
Du riechst so gut
Ich geh dir hinterher
Du riechst so gut
Ich finde dich
So gut
So gut
Ich fass dich an
Du riechst so gut
Jetzt hab ich dich

Du riechst so gut
Du riechst so gut
Ich geh dir hinterher

Waidmanns Heil








Ich bin in Hitze schon seit Tagen
So werd ich mir ein Kahlwild jagen
Und bis zum Morgen sitz ich an
Damit ich Blattschuss geben kann

Auf dem Lande auf dem Meer
Lauert das Verderben
Die Kreatur muss sterben
Sterben

Ein Schmaltier auf die Läufe kommt
Hat sich im hohen Reet gesonnt
Macht gute Fährte tief im Tann
Der Spiegel glänzt ich backe an

Der Wedel zuckt wie Fingeraal
Die Flinte springt vom Futteral
Waidmanns Heil
Ich fege mir den Bast vom Horn
Und geb ihr ein gestrichenes Korn
Waidmanns Heil

Auf dem Lande auf dem Meer
Lauert das Verderben
Die Kreatur muss sterben
Waidmanns Heil
Sterben
Waidmanns Heil

Sie spürt die Mündungsenergie
Feiner Schweiß tropft auf das Knie
Auf dem Lande auf dem Meer
Lauert das Verderben
Die Kreatur muss sterben
Waidmanns Heil
Sterben
Waidmanns Heil
Auf dem Lande auf dem Meer
Lauert das Verderben
Waidmanns Heil
Auf dem Lande auf dem Meer
Waidmanns Heil














Il me paraît intéressant de faire un commentaire comparé des ces deux textes qui présentent une même image, celle de la chasse, de la traque, pour évoquer le jeu de séduction et l'acte sexuel.

Dans ces deux chansons le point de vue adopté est celui du chasseur. On remarque tout de même un certaine nuance : dans « Du riechst so gut » le narrateur est un prédateur qui poursuit sa proie « je te sens / Comme une bête sauvage qui cire parce qu'elle à faim / Je te renifle à des lieues à la ronde », alors qua dans « Waidmanns Heil » il s'agit d'un chasseur tuant du gibier « je vais aller chasser du gibier femelle / Et je resterai à l'affût jusqu'au matin / Pour pouvoir épauler et tirer ».

Dans chacun des textes, c'est toujours l'instinct et la pulsion qui guide l'acte du narrateur, « Depuis des jours déjà, je suis en chaleur » (WH), « La folie / n'est qu'un mince passerelle / Entre deux rives que sont la raison et l'instinct ». Une force non maîtrisée pousse à chaque fois le personnage à partir en chasse. Cette notion d'instinct est mise en valeur par un champs lexical des sens, « un enfant aveugle », « il sent sa mère », « Je ne te vois pas », « Je te flaire seulement, je te sens », « Je te renifle à des lieues à la ronde », « Tu sens si bon », « ta peau moite » (DRSG), « à l'affût », « Elle ressent l'énergie », (WH). On remarquera une certaine différence entre les deux chansons puisque « Waidmanns Heil », du point de vue de l'être humain qui chasse fait surtout une description visuelle du gibier, alors que dans « Du riechst so gut » l'animal traque grâce à son odorat.

Cette mise en valeur des sens a une évolution identique dans les deux textes : on passe d'une description olfactive (DRSG) ou visuelle (WH) à celle du toucher. Tous ces éléments tendent vers une métaphore filée : celle de la chasse/la traque pour décrire le jeu de séduction et l'acte sexuel. À chaque fois le rapport physique est décrit par la « peau moite » (DRSG) et la « sueur ». Comme souvent dans les textes de Lindemann, la violence est très présente et les deux textes tendent à décrire un viol. Ceci est assez clair dans la première chanson : « Arrête de crier et de te débattre », la victime n'est pas consentante. Ceci est moins évident dans « Waidmanns Heil » où il n'est pas question de résistance de la par de la proie.

Ainsi malgré ses points communs entre les deux textes, on commence à percevoir une certaine nuance. Dans la chanson de 1994 le plaisir éprouvé par le narrateur est la traque elle-même : les couplets insistent particulièrement sur les sens à l'affût, l'excitation provoquée par la course, par la peur de l'autre. Lorsqu'il s'agit d'évoquer le rapport sexuel lui-même le narrateur parle déception. « Oh, ne vois-tu pas le pont brûler / Arrête de crier et de te débattre / Sinon le pont va s'effondrer » : ici l'image du pont et du feu évoque explicitement le désir. Si le prédateur brûle de désir pendant qu'il poursuit la créature, au moment de passer à l'acte il s'éteint, ce sont les dernières flammes. On peut remarquer ici que si le « pont » est l'image du désir abstrait il peut aussi désigner le sexe de l'homme qui « s'[effondre] » lorsque le désir disparaît.

« Waidmanns Heil » se concentre autant sur la traque, le chasseur en embuscade, que sur l'acte physique. « La queue drétille comme une anguille / le fusil surgit du fourreau / [...] / J'enlève la filasse de mes cornes / Et la vise plein pot » : Lindemann décrit ici, avec un second degré certain, le sexe de l'homme en érection puis la pénétration. L'utilisation de termes de chasse très techniques ajoute effectivement un ton humoristique au texte, ton qui n'est absolument pas présent dans « Du riechst so gut ». On reste dans ce ton décalé au couplet suivant pour décrire la conclusion de l'acte sexuel : « Elle ressent l'énergie jaillie de la gueule du canon / Quelques gouttes de sueur tombent sur le genou ». Lindemann se montre riche de métaphores pour décrire le sperme, ici les « gouttes de sueurs », le « miel » dans « Bück dich », le « rêve blanc » dans « Spiel mit mir » et j'en passe.

Je me permets d'avancer un peu plus dans l'interprétation et de faire toujours le même constat : chez Rammstein le rapport homme-femme n'est jamais simple. Il s'agit toujours un rapport de force. L'homme doit se montrer plus fort, doit dominer la situation, doit blesser aussi. Il suffit de regarder des textes comme « Wollt Ihr das Bett in Flammen sehen », « Weißes Fleisch », « Klavier », « Rein raus », « Rosenrot », « Feuer und Wasser » ou encore « Liebe ist für alle da » pour voir une profonde incompréhension mutuelle. Il serait d'ailleurs intéressant de comparer ces chansons et d'écrire un article sur les relations homme-femme chez Rammstein. Peut-être trouverais-je un jour le courage de la faire.

Ainsi les deux chanson renouent avec un univers commun, toutefois, à quinze année d'intervalle, la comparaison montre une évolution dans l'écriture de Lindemann. « Do riechst so gut » semble plus grave, plus sérieuse : on parle d'un viol, le narrateur prend possession totale de la parole, c'est à dire qu'on ne voit aucune marque de l'auteur qui mettrait une certaine distance. Ceci va être le cas dans « Waidmanns Heil ». En effet, lorsque je soulignais le fait qu'il y avait un second degré dans la description de l'acte sexuel, je voulais montrer que Lindemann, en tant qu'auteur, se détache du narrateur. Il rit de l'action qui se produit, et il rit sans doute de lui-même. Les deux textes, si proches sont intéressants à mettre l'un en face de l'autre, ils sont à l'image de l'évolution d'une jeunesse qui se prend au sérieux, vers une certaine maturité donnant la capacité de rire de soi-même. 

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