Wer Gutes tut dem wird vergeben
So seid recht gut auf allen Wegen
Dann bekommt ihr bald Besuch
Wir kommen mit dem Liederbuch
Wir sind für die Musik geboren
Wir sind die Diener eurer Ohren
Immer wenn ihr traurig seid
Spielen wir für euch
Wenn ihr ohne Sünde lebt
Einander brav das Händchen gebt
Wenn ihr nicht zur Sonne schielt
Wird für euch ein Lied gespielt
Wir sind die Diener eurer Ohren
Wir sind für die Musik geboren
Immer wenn ihr traurig seid
Spielen wir für euch
Wenn ihr nicht schlafen könnt
Sei euch ein Lied vergönnt
Und der Himmel bricht
Ein Lied fällt weich vom Himmelslicht
Wir sind für die Musik geboren
Wir sind die Diener eurer Ohren
Immer wenn ihr traurig seid
Spielen wir für euch
Wir sind für die Musik geboren
Wir sind die Diener eurer Ohren
Immer wenn ihr traurig seid
Spielen wir für euch
C'est à travers cette chanson que
Rammstein s'adresse pour la première fois de manière directe à ses
auditeurs : « Nous » (les membres du groupes)
s'adressent à « Vous » (le public). Le groupe
s'adressera à nouveau directement à ses admirateurs à travers
« Rammlied », les deux textes ayant une parenté assumée,
rien qu'à travers la lecture des titres : « Lied »
(chanson). Le traitement de la thématique est elle aussi commune,
puisque Lindemann va à la fois exprimer le dévouement du groupe
pour ses auditeurs, tout en laissant un goût amer et presque
ironique, alliance témoignant d'une véritable sincérité et d'une
capacité d'analyse.
Ce qui me semble à prendre, dans un
premier temps, au premier degré, et qui est touchant de sincérité,
ces sont d'abord les mots du refrain : « Nous sommes nés
pour la musique / Nous sommes les serviteurs de vos oreilles / Chaque
fois que vous êtes tristes / Nous jouons pour vous ».
Rammstein n'a de cesse d'exprimer dans un premier temps son amour
pour la musique, ils ont été créé pour cela, c'est leur but, leur
destin. Et à travers la musique, leur vocation est de panser les
plaies intérieures, à la fois les leurs mais aussi celles des
auditeurs. Cette chanson, on le comprend dès le titre, est alors un
éloge de la musique, car elle est capable de guérir les blessures à
la fois de ceux qui la jouent et de ceux qui l'écoute : « Quand
vous ne pouvez pas dormir / Une chanson vous sera offerte / Et quand
le ciel se brise / Une chanson tombe doucement de la lumière du
ciel ». On trouve dans ce couplet le double aspect bénéfique
de la musique : qui guérie ceux qui l'écoutent, nous pouvons
ici souligner que la première moitié de ce couplet fait référence
à l'enfance, puisque qu'on chante pour bercer ceux qui ne
parviennent pas à s'endormir ; musique qui naît également du
mal et des angoisses profonde, l'image du ciel qui se déchire est à
l'image du cœur qui saigne, et de ce mal va naître une chose belle
et bénéfique. Lindemann définit ici la musique comme une véritable
fleur du Mal.
Lorsque j'ai fait l'analyse de
« Rammlied » j'ai fait une faute de frappe en
intervertissant les deux voyelles du mot « lied ». On
remarque alors ici qu'en allemand les termes « chanson »
et « mal » sont très proche, puisque « leid »
se traduit « mal ». Ce lapsus que j'ai fait semble assez
révélateur et prend un sens intéressant à la lecture de ce texte,
dans lequel Rammstein souligne se lien étroit entre la musique qui
naît du mal et qui en est à la fois le remède. On pourra
d'ailleurs faire le même genre de remarques concernant « Rammlied ».
Il faut maintenant remarquer le champ
lexical prédominant dans ce texte, il s'agit d'un vocabulaire
religieux (« pardon », « serviteurs, « péché »)
et plus précisément celui du « bien » (« bons »,
« sagement »). Le message des deux premiers couplets est
clair, il faut être bon pour avoir droit à une chanson : « Qui
fait le bien sera pardonné / Ainsi soyez bons comme il faut sur tous
les chemins/ […] / Si vous
vivez sans péché / Donnez sagement votre petite main les unes aux
autres / Si vous ne lorgnez pas vers le soleil / Une chanson sera
jouée pour vous ». Ces paroles font explicitement écho à la
religion, il faut être un bon chrétien, renoncer au péché, ne pas
céder à la tentation afin de pouvoir accéder au royaume de Dieu.
Ça
y est, le mot est écrit. Dieu.
Dieux.
Oui,
dans cette chanson ce sont bien nos six musiciens qui tiennent le
rôle de la divinité. Ce sont eux qui ont le pouvoir de nous
récompenser ou non par une chanson.
On
touche alors ici l'aspect ironique et paradoxal du texte : les
membres de Rammstein sont sincèrement heureux de composer et jouer,
que leurs chansons trouvent un écho chez leurs admirateurs, d'avoir
un lien si particulier avec eux. Mais voilà, arrive le revers de la
médaille : ce qui devait être une relation égale et mutuelle
s'est transformée en une relation d'admiration dans laquelle le
groupe se trouve sur un piédestal dont il ne veut pas.
Nous
comprenons alors que tout le champ lexical du bien est chargé
d'ironie, parce qu'il prend le contre pied de toutes les thématiques
du groupe, et plus particulièrement de Rosenrot.
En effet, cet album présente des narrations dans lesquelles les
personnages ne sont pas sages et se laissent aller à leurs pulsions.
Lindemann
fait ici preuve d'une capacité analytique exceptionnelle. En effet,
il ne se contente pas de se plaindre de ce statut de divinité, mais
il est capable d'en jouer. Cette chanson dit aux admirateurs :
« vous souhaitez faire de nous des dieux, alors nous allons
être vos dieux ! ». La finesse avec laquelle il a écrit
ce texte montre à quel point le groupe prend du recul sur ce qu'il
est. C'est sans doute ça qui fait leur valeur : s'ils jouent de
leur statut, ils semblent aussi savoir où est leur place, et ont
conscience qu'il ne sont rien de plus que de simples êtres humains,
tout comme cette foule qui les acclame.
« Ein
Lied » est bien la chanson d'un véritable paradoxe : elle
fait l'éloge de l'acte de création, rend hommage aux fans,
toutefois elle décrit aussi les aspects négatifs de la notoriété
du groupe et cette déification qui creuse un véritable gouffre
entre eux et leurs fans. Ce qui unie, la musique et les textes, finie
par éloigner. C'est pour cela que cette chanson est véritablement
touchante : Rammstein se met à nu et fait preuve de sincérité
envers son public. On retrouvera ce paradoxe dans « Rammlied »,
texte dans lequel les mêmes thématiques, seront abordées. Les deux
chansons se font alors véritablement écho : alors que « Ein
Lied » conclu Rosenrot,
« Rammlied » ouvrira Liebe ist für alle da.
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